Réponse Dr Hassan Amdouni
1- La Majorité : (Malikites, Hanafites, Hanbalites, Al Hasan Al Basrî, Az-Zouhrî, Yahyâ Ibn Sa‘îd Al Ansârî, Rabî‘a, Aboû Qoulâba et Soufyân Ath-Thawrî)
Détails des avis :
-Les Hanafites : celui qui s’acquitte d’une prière obligatoire ne peut pas prier derrière celui qui accomplit une prière surérogatoire, ni celui qui prie une prière obligatoire derrière celui qui célèbre une autre prière prescrite. En effet, al iqtidâ’ (le fait de suivre l’imâm) est un lien d’association qui impose dans la cause, l’acte et la forme de la prière l’unité entre l’imâm et le ma’moûm. Cependant, il est permis à celui qui prie de façon surérogatoire de prier derrière quelqu’un qui célèbre une autre prière surérogatoire.
-Les Malikites exigent une concordance totale entre les deux prières, d’où l’interdiction, par exemple, de prier az-zoûhr derrière une personne qui prie al ‘asr.
La concordance doit également se réaliser dans le fond, hors du seul de la qualification de l’acte. En effet, il n’est pas permis de prier la prière annoncée derrière un fidèle qui compense cette prière, à l’exemple de l’imâm qui prie al ‘asr du jour alors que le ma’moûm prie une prière passée du ‘asr.
Al Qâdî ‘Iyâd a dit : « Il n’y a pas de désaccord plus grave que la divergence d’intention différenciant deux prières obligatoires ou des intentions différentes entre une prière surérogatoire et une autre obligatoire.»
L’argument de l’imâm Mâlik et de son école se fonde sur le hadîth du Prophète (Paix et Salut sur lui) qui a dit : « Certes, l’imâm a été institué pour être suivi. » (Rapporté par Mâlik). Selon l’imâm Mâlik, ce hadîth n’a pas uniquement été appliqué aux actes apparents mais aussi a généralisé à l’intention et à la qualification de la prière.
Les Malikites permettent la prière du surérogatoire telle que la prière du douhâ derrière celui qui prie le soubh après le lever du soleil ou une prière surérogatoire de deux rak’âte derrière un voyageur qui raccourcit une prière de quatre.
-Les Hanbalites n’acceptent pas qu’on prie zouhr derrière la prière de ‘asr. Celui qui accomplit une prière obligatoire ne peut pas suivre celui qui prie la prière obligatoire d’un autre jour ou une obligation différente. Les Hanbalites exigent une concordance, en dénomination et en date, entre les prières.
Ils citent, à l’appui, le hadîth du Prophète (Paix et Salut de Dieu sur lui) qui a dit : « Certes, L’imâm a été institué pour être suivi, alors ne divergez de lui.» (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim)
De même, il n’est pas valide que celui qui s’acquitte d’une prière prescrite prie derrière celui qui prie une prière surérogatoire. Mais, ils permettent l’imâmat de celui qui prie une prière obligatoire, alors que le suiveur prie une prière surérogatoire. Ils permettent également la prière de celui qui prie une obligation (maghrib) par compensation derrière celui qui prie la prière annoncée du maghrib, vice et versa, car la prière est la même, excepté le temps.
2- Les Chafi‘îtes, puis ‘Atâ’, Al Awzâ‘î, Tâwoûs, Aboû Thawr, Soulaymân Ibn Harb, d’après Ibn Al Moundhir et une version d’après Ahmad
Ils exigent uniquement la concordance dans la forme. La validité de la prière, de celui qui prie ‘asr derrière celui qui prie zouhr, est assurée. Mais la prière de celui qui s’acquitte d’une prière prescrite derrière celui qui prie la prière de la janâza (funéraire), est invalide ; de même pour la prière du soubh derrière celui qui fait la prière de l’éclipse.
La manifestation extérieure (la forme et l’ordre) est différente.
La prière de celui qui prie une prière à l’heure est valide derrière celui qui compense une prière passée. Vice et versa. Ils valident pareillement la prière de celui qui prie une surérogatoire derrière celui qui prie une obligatoire et inversement. De même, la prière de celui qui prie zouhr derrière soubh : le suiveur termine la prière après le taslîm de l’imâm, à l’exemple du retardataire qui rattrape le reste de la prière après le taslîm de son imâm.
L’argument de cette tendance est le propos rapporté par Anas (Que Dieu soit satisfait de lui) qui a dit : « Je priai al ‘ichâ’ derrière le Prophète (Paix sur lui), puis je rejoignais les gens de mon clan et je les dirigeai dans la même prière.» (Rapporté par Al Boukhârî et Mouslim). Mou‘âdh Ibn Jabal (Que Dieu soit satisfait de lui) faisait de même.
Ces avis résultent d’un ijtihâd et l’avis de la Majorité s’y oppose sur la base des arguments précités.