Réponse Dr Hassan Amdouni
- La Majorité : les savants, auteurs de cette opinion font la différence entre le délaissement par négligence et le délaissement par reniement. Si le délaissement est causé par la négligence, cette personne aura le statut de croyant rebelle.
Détail de l’avis de la Majorité :
a.Les Hanafites, Aboû Hanîfa, Ath-Thawrî et certains Chafi‘îtes jugent celui qui délaisse la prière de pervers (fâsiq). Il est exhorté à la faire, s’il s’y refuse, il est sévèrement corrigé jusqu’à ce qu’il prie.
b.Les Malikites, les Chafi‘îtes et une version d’après Ahmad lui accordent trois jours pour qu’il se repente de sa négligence, sinon il est condamné, mais ils ne le jugent pas mécréant, se référant au verset suivant : « Certes, Allâh ne pardonne pas qu’on Lui donne des associés. A part cela, Il pardonne à qui Il veut ». (Ste 4/V.116)
Remarque importante : le seul rôle, que doivent jouer les individus et associations, est celui de l’exhortation.
- Les Hanbalites considèrent celui qui ne prie pas comme mécréant condamnable. Cet avis attribué à l’imâm Ahmad est partagé par certains prédécesseurs pieux et certains successeurs tels que Al Hasan Al Basrî, An-Nakha‘î, Ach-Cha‘bî, Al Awzâ‘î, Ibn Al Moubârak, Ibn Hazm et autres. Parmi leurs arguments, le hadîth du Prophète dans lequel il a dit (Paix sur lui) : « La limite qui sépare l’homme du polythéisme et de l’incroyance est l’abandon de la prière » (Rapporté par Mouslim, Ahmad et les Sounan)
De même, ils se référent à la parole du Prophète (Paix sur lui) : « Le pacte entre nous et eux (les mécréants) est la prière. Celui qui la délaisse a renié sa foi ». (Rapporté par Ahmad et les Sounan. At- Tirmidhî l’a jugé hasan sahîh, Ibn Hibbân et Al Hâkim l’ont également authentifié)
Mais la Majorité réfute cette position, parce que le Coran passe avant les ahâdîth. De plus, tout hadîth a sa cause et son contexte. Ce dernier hadîth concerne l’évènement suivant : lorsque les hypocrites de Médine ont accusé notre mère ‘Â’icha (Que Dieu soit satisfait d’elle) d’adultère, les Compagnons ont suggéré au Prophète (Paix sur lui) de les tuer, ce qu’il a refusé pour qu’on ne dise pas que Mouhammad tue «ses Compagnons » a-t-il dit (Paix sur lui). Puis il a dit : « Tant qu’ils font la prière, je ne peux rien leur faire » et encore : « Le pacte entre nous et eux est la prière. Celui qui la délaisse a renié sa foi. »
As-Soubkî a mentionné dans son livre « Tabaqât Ach-Châfi‘îyya » que l’imâm Ach-Châfi‘î et l’imâm Ahmad ont eu une controverse à propos de celui qui néglige la prière.
-L’imâm Ach-Châfi‘î a dit: « Ô Ahmad, crois-tu qu’il soit mécréant ? »
-Ahmad répondit : « Oui ! »
-L’imâm Ach-Châfi‘î demanda : «S’il est mécréant, que doit-il faire pour se convertir à l’Islam? »
-Ahmad répondit : « Dire qu’Il n’y a de divinité que Dieu.»
-Ach-Châfi‘î s’exclama : « Mais cet homme n’a pas renié l’attestation de foi !» -Ahmad répondit : « Il se convertit à l’Islam par l’exécution de la prière !»
-Ach-Châfi‘î lui dit alors : « S’il est mécréant sa prière est invalide et s’il est musulman, on ne peut décider de sa mécréance en s’appuyant sur le délaissement de la prière !» Alors L’imâm Ahmad garda le silence.
Cependant Ibn Qoudâma Al hanbalî, dans son Mougni considère l’avis de la Majorité comme bien-fondé concernant le musulman qui délaisse sa prière par négligence.
