Biographie et Hommage au Cheikh AbdelHamid Bouzouina (Qu’Allâh lui accorde Miséricorde)
Né en 1951, à Mostaganem, en Algérie. Décédé le 21 Juin 2005.
Extraits de la journée “Hommage du Collectif Hamidullah” – 17/12/2005.
Un « dhikr » rappel, louanges à Allah, contenu dans son nom Abdelhamid, le serviteur du Louangé. Hamidullah, le louangeur d’Allah. Ahmed Deedat, celui qui loue constamment Allah. Ahmadi et bien d’autres. Un dhikr à travers lequel Allah (soubhanahou wa ta’ala) aime Ses sincères serviteurs et lorsque Allah aime Ses sincères serviteurs, Il dit à Jibrîl : « J’aime Untel. » Et Jibrîl de dire aux anges du Ciel : « Ô anges du Ciel, Allah aime Untel. » Et les anges du Ciel de dire alors aux anges de la Terre : « Ô anges de la Terre, Allah aime Untel, alors aimez-le. » Et c’est ainsi que nous aimons une personne. Et le cheikh Abdelhamid Bouzouina rahimahou-Allâh était aimé par tous. Il était aimé par tous, car comme l’a décrit le Dr Hassan Amdouni, son compagnon de route, car c’était un homme de cœur et de rassemblement.
Un homme de cœur, car il était avec les plus faibles. Le cheikh Abdelhamid Bouzouina rahimahou-Allâh, c’était un grand trésor qui a décidé de se trouver avec les petits fleuves, les petits ruisseaux insignifiants. Alors que les grands trésors se trouvent dans les grandes mers, dans les grands océans, lui, il a décidé de se trouver dans les petites rivières. Et moi, je ne suis qu’une petite pierre dans la boue d’une de ces rivières insignifiantes, qui a découvert ce grand trésor. Il a décidé de se trouver dans ces petites rivières insignifiantes, pour donner, pour nous donner de la valeur, cet homme de grande qualité, cet homme de capacité, de maîtrise, de sagesse, de modestie impressionnante. […]Si je dois résumer la vie de cheikh Abdelhamid Bouzouina rahimahou-Allâh en une seule phrase, je dirais que le cheikh a suivi le chemin de Moûsâ (salla Allâhou ‘alayhi wa sallam). De même que Moûsâ (Paix sur lui) ne connaissait pas ses parents, de même le cheikh Abdelhamid Bouzouina, né en 1951, à Mostaganem, en Algérie, fut séparé de ses parents à l’âge de 4 ans. Il ne connaissait ni son père, ni sa mère, ni même l’existence de sa sœur. […]
Le cheikh rahimahou-Allâh était issu d’une famille savante. Il a cru pendant sa jeunesse que sa grand-mère et son grand-père étaient ses vrais parents jusqu’à ce qu’il découvre dans son livret de famille, à l’âge de 12 ans, que le nom de son père qui était dans son livret de famille ne correspondait pas à celui de son grand-père. Ainsi il a appris de lui-même que son grand-père n’était pas vraiment son père. Moûsâ (salla Allâhou ‘alayhi wa sallam) qui était le plus intelligent, le cheikh Bouzouina fut le meilleur de son lycée, il était le plus calé et dans toutes les sciences et dans toutes les branches. […] À l’âge de 12 ans, le cheikh Abdelhamid Bouzouina rahimahou-Allâh connaissait toute la grammaire arabe, il savait jongler, argumenter, avec toutes les règles arabes. A l’âge de 14 ans, il connaissait tout le Qour’ân et donna son premier dars à la mosquée de son grand-père. Ce fut au cours de cette journée, lors de son « dars » cours, que son grand-père s’effondra et mourut. Le cheikh resta avec sa grand-mère jusqu’à l’âge de 17 ans, moment où elle mourut également. Et alla chez sa tante jusqu’à l’âge de 18 ans où il passa son bac avec facilité.
Il reçut une bourse d’études et alla à Oran et choisit le domaine de la littérature car il avait un grand amour pour la littérature bien qu’elle fût considérée comme la branche des faibles, le cheikh Rahimahou-Allâh considérait être toujours avec les plus faibles. Tout en continuant à étudier au niveau de la science profane, en étudiant dans les livres, les magazines scientifiques. […] Après sa licence de littérature, il rentra à Mostaganem où il fut appelé au service militaire qui était obligatoire à ce moment-là. Transféré à la base militaire d’Oran, il fut premier sergent. Pendant toutes ces années-là, pendant son service militaire même, il donnait des durous aux militaires, des khoutba, il leur faisait la da’wa, il allait jusqu’à chez eux pour les inviter à venir à la khoutba. En même temps, en faisant tout cela, il faisait une formation en méthodologie, où il écrivit un mémoire qui a fait le tour de l’Algérie, un mémoire qui expliquait comment on peut devenir un écrivain musulman. Et à ce moment-là, il manquait des écrivains. […]
Moûsâ (Paix sur lui) qui fut oppressé, le cheikh Abdelhamid Bouzouina fut oppressé également. Il alla en prison pendant deux ans et demi rien que parce qu’il avait été à un congrès sur al-hajj. Pendant ses deux ans et demi de prison, cheikh rahimahou-Allâh disait qu’il trouvait ses journées très courtes. Il trouvait les journées très courtes parce que, après avoir prié al-fajr, il attendait la première lueur du soleil et il commençait à écrire. À écrire assis sur une natte et il avait pour table juste un carton qu’il avait bricolé. Pendant que tout le monde dormait, ses collègues de cellule se levaient vers dix heures ou onze heures, lui avait déjà écrit des feuilles. Et il faut voir ce qu’il avait écrit Soubhana Allâh. Je les ai vus, ces écrits ! Ils sont encore là, ce sont des volumes et des volumes, il n’a pas laissé une seule ligne blanche, il y avait des schémas partout, des tableaux, ces écrits qui expliquent la méthodologie d’apprentissage pour les étudiants et les professeurs. Après être sorti de prison, il continua à donner des dourous et forma des professeurs pendant quatre ans dans la méthodologie d’apprentissage, il continua à faire la da’wa, il était inspecteur dans les écoles. Mais il gênait, parce que souvent ses prêches concernaient la amâna, la responsabilité en tant que musulman. Cela gênait, la localité, le waly ; la pression augmenta, il fut harcelé, quotidiennement. Oppressé. Et comme Moûsâ (Paix sur lui) qui émigra pour aller enseigner à des ignorants, à Madyan, le cheikh Abdelhamid Bouzouina, émigra alors et décida d’enseigner à des gens qui en savaient moins que lui.
Il émigra en France où il travailla avec une association islamique et, à travers cette association islamique, il rentra à l’UOIF, où il fut secrétaire général : il rédigea des rapports, il a fait des traductions français-arabe, il fut l’un des fondateurs du développement de l’UOIF. Pour ensuite aller à Château-Chinon, où il composa la structure méthodologique de l’apprentissage de l’arabe. Jusqu’à aujourd’hui la méthode utilisée de l’apprentissage de l’arabe est celle de cheikh Abdelhamid Bouzouina Rahimahou-Allâh. […]
Mais la pression continua d’augmenter, il fut oppressé en France et ce sont les jeunes de France qui l’ont aidé pendant un an et l’ont aidé à émigrer en Belgique en 1994, où je le rencontre. Pendant trois ans, nous dormirons ensemble sous le même toit, pendant un an nous serons proches l’un de l’autre. De sa vie durant ces onze ans que j’ai été proche de lui, al-hamdou lillâh j’ai tiré trois enseignements :
Le premier enseignement, c’est celui de développer une modestie, le cheikh Abdelhamid Bouzouina rahimahou-Allâh était d’une rare modestie. Le deuxième enseignement, c’est l’acquisition du savoir, avant l’action. Le cheikh a étudié pendant toute sa vie. Il avait la cinquantaine. Cette année, il avait fait une thèse de doctorat sur Malek Bennabi où il a reçu la grande distinction en Autriche et se consacra même à la psychologie. Il me disait que la psychologie est une science qui peut aider beaucoup les musulmans et qu’on a besoin de se vider. Les musulmans ont besoin de se vider. Il collecta les diplômes, le doctorat, les licences. Il n’arrêta pas de se former. Le troisième enseignement, c’est de considérer la médiation, la réconciliation, le rassemblement comme une action indispensable et louable, même si elle n’aboutit pas. […] Et le cheikh Rahimahou-Allâh jouait un rôle extrêmement important dans la médiation entre les mosquées, entre les associations, entre les individus. Avec l’organisation du culte officiel en Belgique, il fut membre fondateur de plusieurs associations, de la Ligue des imams. Il rassemblait les personnes.
Trois enseignements primordiaux :
Développer sa modestie. Il n’était pas là pour dire : Je suis là, mais pour dire : Vous êtes là ! Ce fut d’ailleurs ses dernières recommandations, c’est de dire aux jeunes de la deuxième, de la troisième génération, aux faibles :
Un, ne vous sous-estimez pas, ne pensez pas que vous êtes incompétents, vous avez du potentiel ;
Deux, car c’est vous qui êtes la relève. […] Dans un hadith rapporté par Al Boûkharî, Rasoulou Allâh (Sallâ Allâhou ‘alayhi wa sallam) a dit : « Vous n’aurez la victoire que de par les faibles qui sont parmi vous. » Nous avons discuté ce hadith en disant que si le riche n’aide pas le pauvre, si le fort n’aide pas le faible, si celui qui a n’aide pas celui qui n’a pas, le nécessiteux, le pauvre, si le savant n’aide pas celui qui ne sait pas ou qui sait moins que lui, alors vous n’aurez jamais la victoire.
Si vous n’avez pas cette solidarité entre nous, vous n’aurez jamais la victoire. Et le cheikh Rahimahou-Allâh était un homme très solidaire.
■ (Par Mustapha El-Hilali).